Et ces champs, ces champs, je les fume aussi; ou plutôt je les fumerais si je ne savais qu'ils s'engraissent d'excrétions. Comme les chiens, les champs mangent de la crotte, c'est la nature. Pouah! La Nature! Pouah! pouah! Heureusement que l'homme n'est pas naturel. Quelle vie d'immondices devrait-on mener si l'on était naturel! Et ces champs rappellent l'homme à sa nature naturelle, ils s'agrippent à lui, le rattrapent, l'abaissent, lui collent le nez dans la boue fétide d'où surgiront les choux. Beuh!

Raymond Queneau, Les Temps mêlés in: R.Q. Oeuvres complètes Vol. II. Romans. Tome I. Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade): 2002, p. 1032.